Michel Gigi
Michel GIGI est né le 7 avril 1940 à Aubange. Il est le 3ème enfant d’une fratrie de 10, la famille habitant rue de la Gare. Son père est André Gigi, brasseur et sa mère Philomène Champion.
Il accomplit ses études primaires à l’école des Frères d’Athus. Membre du patro d’Aubange, il se distingue déjà par son sens de la serviabilité, son attention aux autres et son esprit de camaraderie.
Après ses études primaires, Michel entreprend des humanités gréco-latines au Petit Séminaire de Bastogne et continue ensuite au Grand Séminaire de Namur où il poursuit ses études de théologie.
Le 19 juillet 1964, il est ordonné prêtre à la cathédrale de Namur. Il est nommé éducateur au collège Bellevue à Dinant mais ce travail ne le passionne pas vraiment.
Lorsque Monseigneur Charrue demande des prêtres pour le Rwanda, il répond immédiatement à l’appel. Il a 28 ans. Malheureusement, il va à nouveau occuper un poste d’éducateur au collège Saint-André à Kigali. Mais Michel a d’autres aspirations.
En plus de sa charge d’animateur religieux, culturel et sportif et de préfet d’internat, il aime le travail manuel et en particulier d’aider les ouvriers chargés de rénover les locaux. Il demande à être envoyé en paroisse. Pour cela, il apprend la langue rwandaise, le Kingarwanda.
Enfin en 1971, il est nommé curé de CYEZA, paroisse de 40000 âmes éparpillées dans les collines. Cette paroisse comprend quatre succursales : Cyeza, Kivumu, Shorli et Rutobwe .Tout est à construire. Avec enthousiasme, il se met au travail. Il va réaliser un travail considérable tant sur le plan de la pastorale que celui de l’aménagement. Les constructions vont se suivre à un rythme accéléré : un centre de catéchèse, un centre de nutrition pour les nouveau-nés, un centre d’alphabétisation, une chapelle pour 2000 paroissiens, des écoles maternelle et secondaire, un noviciat. « La Bible dans une main, la truelle dans l’autre » telle aurait pu être sa devise.
Michel a passé la majeure partie de sa vie au Rwanda et où il aurait dû travailler encore longtemps si la guerre n’était pas venue le faucher. Il était conscient des risques qu’il courait. IL continuait malgré tout son œuvre d’évangélisation et de bâtisseur, toujours à l’écoute des plus démunis, prêchant la paix, la solidarité et le pardon entre les différentes ethnies.
Quand les événements surviennent en 1994, Michel refuse de quitter ses paroissiens alors que l’on évacue les Européens, déclarant « qu’un pasteur ne quitte pas son troupeau à l’heure du danger » ; Après une longue marche à travers les collines, partageant la fatigue et la faim de ses compagnons , il meurt d’épuisement et de dysenterie le 6 juillet 1994. Son corps fut enterré à Kibangu, à l’endroit de son décès.
Le 19 avril 1996, le corps de Michel est exhumé et ramené dans sa paroisse de Cyeza où il repose au milieu de ses paroissiens victimes du génocide. Lors de son exhumation, sa veste sur laquelle reposait sa tête, est retrouvée intacte. Elle est exposée dans le petit musée, à gauche en entrant dans le porche de l’église d’Aubange.
Lors du retour du corps à Cyeza, Monseigneur André Sibomana déclarait : « Tu as osé parler, tu as été un prophète intrépide, tu as chassé la haine, la rancune et la vengeance et cela par amour ;
tu as entendu les gémissements du peuple de Dieu ».